Vivre la Palestine en Provence - présentation - page 1
Introduction
à l'exposition
VIVRE
LA PALESTINE EN PROVENCE
Au-delà
des mots épuisés, des discours standardisés, la réalité d’une occupation
qui n’a cessé de s’aggraver depuis juin 1967. Comment sortir du piège des
clichés, de la saturation des images, pour tenter d’appréhender
l’impossible quotidien d’une situation en rupture avec le droit
international ?
Un
climat analogue, une nature similaire, une même échelle que sur la carte de
Palestine : à partir de là, un collectif d’associations régionales tente de
faire vivre la Palestine en Provence durant la journée du samedi 9 juin. Donner
la limite des distances au fil du trajet en bus, puis lire, évoquer, interpréter
lettres et témoignages venus de Palestine sur le marché comme sur la
place centrale : avec le concours d’artistes, les citoyens de Port de Bouc à
d’Aubagne se proposent de faire connaître ce que leurs homologues de
Ramallah, Hébron ou Khan Younes vivent chaque jour.
A
Marseille, dont le Port autonome est empêché de construire celui de Gaza (prévu
par les Accords d’Oslo 1993), une pétition sera lançée pour que sa réalisation
devienne effective et que la Ville engage enfin un jumelage.
Comment
faire voir l’invisible ? la guerre et l’effacement des uns par les autres ?
Depuis 34 ans, les Palestiniens de Cisjordanie, de la bande de Gaza comme de Jérusalem-est
voient leurs terres occupées par des colonies sans cesse plus nombreuses, leur
eau irriguer les champs et vergers exploités par des colons armés qui
exportent fruits et légumes sur les marchés d’Europe. Pris au piège de
zones de sécurité A, B, C établies
lors des accords d’Oslo 2 (1995), les villes autonomes palestiniennes se
retrouvent assiégées : les déplacements sont interdits ou compromis ...
travail, santé, éducation, le présent comme l’avenir sont tour à tour
concernés et tout autant confisqués.
Sans
oublier le sort de celles et ceux qui, dans des camps de réfugiés en Palestine
comme au Liban ... attendent depuis 53 ans que leurs droits soient reconnus.
Agir
en tentant de partager le quotidien à travers l’évocation de témoignages
comme de réalités, n’est-ce pas éclairer un nouvel horizon de solidarité
active et, ce faisant, conférer un sens concret à la paix ?
(Communiqué de presse de la journée "Vivre la
Palestine en Provence"
organisée par Méditerranée solidaire(s) en partenariat avec un collectif
d'associations)
Réalisée
par le CDATM-RITIMO
Après
les élections israéliennes du mois de février 2001, et l’assemblage
politique qui en est issu, les actions de violence se poursuivent entre Israéliens
et Palestiniens : avec pour effet la peur et l’insécurité, état qui se
double, pour les Palestiniens, d’une insupportable pression sur leur vie au
quotidien. Que faire pour répercuter ce qui se joue sur cette autre rive de la
Méditerranée et résonne toujours si fort jusqu’à nous ?
Parler
“planétaire”, directement “politique”, directement “solidarité”...d’autres
le font et le feront mieux que nous.
Méditerranée
Solidaire(s), en
partenariat avec d’autres associations, a choisi d’en parler au quotidien :
celui des habitants de la Palestine, ce petit pays séparés en deux, et
fragmenté de l’intérieur par les colonies de peuplement israélien, les
zones sous contrôle israéliens, les multiples barrages et points de passage ;
un pays où vivent aujourd’hui trois millions de Palestiniens, dont plus
d’un million sur la seule Bande de Gaza.
-
En évoquant les actes et les situations les plus ordinaires du quotidien vécu
par chacun en Provence ou en Palestine dans la dimension géographique des
lieux, et en les mesurant à l’échelle du territoire sur lequel nous vivons :
-
La Cisjordanie est longue de 120 km et large, au maximum, de la distance de
Marseille à Bandol (60 km).
- Béthléem est
plus près de Ramallah qu’Aix de Marseille ; avec Jérusalem au milieu !
- La bande de Gaza est
large de 15 km au maximum, soit la distance de l’Estaque à la Pointe Rouge,
et longue de 45 km.
Nous
voilà ainsi projetés, avec ces quelques exemples, dans un espace où les
distances à parcourir peuvent aisément être comparées à celles de nos
propres déplacements dans cette région de Provence, où tout semble si proche.
Pourtant,
se déplace-t-on aussi facilement de Ramallah à Bethléem, que d’Aix à
Marseille ?
A
Gémenos ou à Saint-Chamas, on arrose ses cultures maraîchères pour les
vendre à Aubagne ou à Port-de-Bouc, à Aix ou à Marseille. Mais peut-on en
faire autant de Gaza ou de Jéricho vers les marchés de Ramallah ou de Jérusalem ?
Peut-on
aussi aisément partir en week-end à la campagne dans la maison familiale, que
l’on soit à l’Estaque ou à Gaza, à Marseille ou à Jérusalem, à
Aubagne, à Hébron ou à Naplouse...
A
Port de Bouc et Aubagne, l’école accueille chaque jour les enfants, comme à
Martigues à Aix en Provence ou ailleurs...Et l’Université les étudiants, à
Aix et à Marseille. Mais pour les enfants et les étudiants de Gaza et de toute
la Cisjordanie, l’école est souvent fermée, les professeurs empêchés de
s’y rendre...l’Université de Birzeit souvent inaccessible...quand les étudiants
ou les professeurs n’ont plus de permis pour circuler d’une zone à
l’autre, ou quand la nuit, les chars israéliens viennent creuser des tranchées
sur les routes !
Et
que dire des villages où les médecins ne peuvent parfois plus accéder, des
barrages à franchir pour arriver à l’hôpital où il faut se rendre de toute
urgence ne serait-ce que pour accoucher, par exemple ...
C’est
de cette difficulté à accomplir là-bas les actes du quotidien, c’est-à-dire
les mêmes que les nôtres ici en Provence, dont nous voulons parler :
autour de thèmes comme la liberté de se déplacer, de cultiver et d’arroser
sa terre, d’en vendre les produits, d’habiter un lieu, de travailler,
d’avoir un logement et d’y vivre avec sa famille... Comment et pour combien
de temps encore pourra-t-on vraiment réussir à vivre ou à survivre dans ce
territoire “ en miettes ” de la Palestine des accords
d’Oslo ?